Comment Deezer a tout foiré ? 🚮
2007.
C'est l'année où a été fondée Deezer, une entreprise française qui propose un service d'écoute de musique en streaming.
Cette année marque également l'établissement des bases du logo qui demeurera un élément central de l'identité de la marque. Bien qu'il ait connu une modernisation en 2019, le logo a été fidèle à la logique initiale, contribuant à la reconnaissance durable de Deezer.
Mais depuis quelques semaines, Deezer a littéralement anéanti son image de marque, mettant un coup de pied dans la fourmilière, et a tout revu de zéro.
On ne change pas une équipe qui gagne
Le logo historique de Deezer est très simple, très efficace et totalement fonctionnel.On comprend son domaine d'activité au premier coup d'oeil : la marque fait usage d'un égualiseur en tant que symbole, on comprend donc que l'entreprise est dans le domaine de l'audio, de la musique.
Est-ce un bon choix stratégique ? Oui ! Pour une jeune entreprise, résumer son domaine d'activité avec un symbole simple mais compréhensible par le plus grand nombre est une bonne stratégie. Deezer a réussi à équilibrer l'évidence sans cliché, évitant la simplicité attendue d'une note de musique (coucou Apple).
J'aime souvent souligner qu'une recette qui fonctionne ne devrait pas être modifiée. Esthétiquement et fonctionnellement, le logo de Deezer a prouvé son efficacité, assurant à la marque une reconnaissance immédiate et se distinguant facilement de ses concurrents qui ont tous une couleur et un parti pris différent.
Alors, pourquoi ce changement soudain dans l'image de marque de Deezer ?
Avant de répondre à cette question, analysons ce logo pour comprendre pourquoi il suscite autant de réactions.Adieu l'égaliseur, les dégradés, la police en minuscules. Deezer révolutionne son logo en optant pour une approche totalement différente, n'utilisant désormais qu'une seule couleur : le violet.
Le symbole change également, adoptant un cœur composé d'ondes. Cela ne ressemble pas à un simple changement, ni à une évolution : c'est un anéantissement.
D'un point de vue personnel, le problème majeur réside peut-être dans le choix de dévoiler cette refonte pendant les festivités d'Halloween. Le violet évoque l'univers des sorcières, le noir ajoute une touche sombre, et au lieu de voir un cœur composé d'ondes, certains y voient une bouche de citrouille effrayante. Plutôt que de percevoir une refonte graphique, on pourrait penser à un design conçu pour une célébration d'Halloween.
En dehors de cela, certains font le rapprochement avec les applications de rencontres : attention, si vous utilisez Deezer, votre partenaire pourrait vous questionner sur cette nouvelle application sur votre téléphone.
Bref : moche ou beau, ce logo fait parler de lui, car il abandonne tous les codes établis par la marque depuis 2007, suscitant ainsi de nombreuses réactions, souvent négatives.
Pourquoi ?
Je vais ici m'efforcer de maintenir une neutralité et une rationalité, reléguant mes émotions au second plan, celles-ci n'étant qu'une réaction spontanée face à cette évolution.
L'évaluation de l'efficacité d'un logo ne se limite pas à sa révélation initiale, mais s'observe plutôt dans son impact à moyen et long terme sur l'entreprise. Selon moi, ce changement radical n'est pas surprenant. Il semble être un choix judicieux de la part de Deezer d'investir considérablement dans une refonte totale plutôt que dans un simple rafraîchissement.
La raison est évidente : Deezer est en chute libre.
La concurrence est féroce, avec des géants tels que Spotify, Apple Music, Youtube Music, Amazon Music. Deezer n'a jamais réussi à s'imposer à l'échelle mondiale, demeurant un service principalement local, avec la majorité de ses utilisateurs en France. Coexister aux côtés de ces mastodontes est une tâche ardue. Ils font alors un all-in : ils déconstruisent tout ce qui avait été établi jusqu'à présent pour créer une image de marque qui se démarque du marché, rompant avec les codes établis.
Il semble qu'ils tentent d'innover au maximum, abandonnant l'idée d'avoir un logo qui correspond strictement à leur service pour en créer un qui s'inscrit dans leur storytelling, une histoire qu'ils veulent raconter.
Ils tentent de s'exposer au risque, d'assumer pleinement leur identité, pour éviter de subir le sort de Dailymotion, qui est demeuré dans l'ombre du géant YouTube en raison du manque d'innovation et d'audace.
Ce choix stratégique est à double tranchant, et l'impact de ces changements radicaux sur le marché reste encore incertain...
La bise !